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Malentandances, pour un accompagnement orthophonique

Introduction au débat pour la table ronde du 3 février 2014 avec les membres de l’APOH - Association pour la prévention en orthophonie de l’Hérault

Actuellement le SEUL interlocuteur des malentendants est presque tout le temps l’audioprothésiste. L’orthophoniste n’intervient que vers les surdités de naissance d’une part, et d’autre part les malentendances sévères pour profondes avec la lecture labiale (rarement) ou la restauration auditive après implant cochléaire. C’est-à-dire pour une très faible partie des 6 millions de personnes touchées.

On est dans la monoculture de la prothèse : une personne = un audiogramme = un appareillage
 

Paradoxe :
= on appareille sur le versant entendre (perception) de la communication
= or la réussite dépend du versant comprendre (déchiffrage) : on entend avec l’oreille, on comprend avec le cerveau.
 

Les échecs à l’appareillage sont dus à ce que ne peut s’adapter au nouvel univers sonore que lui délivre l’appareillage, et que son cerveau peine à se reparamétrer pour en tirer parti. Cela même pour des baisses légères à moyennes.
Il faudrait élaborer un accompagnement qui s’adresse à la personne et non à ses seules oreilles.
Le premier acte est l’analyse des situations de communication de la personne, dans la spécificité et l’unicité de son histoire, de sa vie quotidienne et de sa personnalité. C’est à partir de cela qu’il faut lui proposer LES stratégies de compensation correspondant à sa situation auditive, psychologique, sociale, économique, professionnelle, intellectuelle.

Ces stratégies doivent permettre à la personne de conserver la maîtrise des situations de communications avec le moins de fatigue possible :
* moyens de compensation individuels
= appareillage ("prothèses") et aides techniques
= orthophonie
= mobilisation de la personne
* organisation de la vie et de l’espace
= aménagement spatial, acoustique, visuel, technique
= aménagement des activités
* information de l’environnement humain

L’orthophonie a vocation à intervenir dans le champ de la reconquête mentale de l’intelligibilité.
La disparition de la perception sur certaines fréquences entraîne "l’archivage" des sons mémorisés mais non l’oubli. Ils restent LA référence dans notre mémoire, et nous recherchons toujours à les entendre. Il faut aider la personne à obliger son cerveau à mettre en correspondance ce qui est enregistré et la nouvelle forme sous laquelle c’est perçu.
 

L’orthophoniste est à l’heure actuelle le seul professionnel en mesure d’appréhender cet aspect de l’accompagnement. Ce n’est pas (ou pas seulement) du ressort de la lecture labiale, mais d’exercices qui fassent appel à LA mémoire personnelle. Il faut partir à la recherche de la mémoire personnelle, basée sur des sons (chansons, textes) ayant eu une valeur affective dans le passé de la personne.affective.
La reconquête auditive est une affaire de tous les instants. Elle ne peut se limiter à une ou deux séances d’orthophonie par semaine.
 

C’est pourquoi je propose le concept d’auto-rééducation assistée, que j’ai pratiqué suite à mes 2 implantations cochléaires, qu’un certain nombre de personnes ont pratiqué avec succès, et à partir de mes 20 ans de travail sur l’audition.
 

Dans ce schéma, les séances d’orthophonie sont les balises du travail quotidien. L’orthophoniste est le guide de cette rééducation. Il identifie les souvenirs positifs et explique comment les retrouver (écoute passive ou active). Il explique les exercices à faire chez soi. Il aide à passer les caps difficiles. Il fait travailler en séance les points difficiles. Il encourage en mettant en valeur les résultats, etc.

Jérôme GOUST

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